Laurent Wilen
Nous avons fait le
test avec la Ville : révélateur des embûches réservées
aux moins valides !
Nous avons testé
pour vous la voiturette. N'était la gravité du sujet, le test
proposé hier par la Ville et l'ANLH (Association nationale pour le
logement des personnes handicapées) avait délibérément
un côté ludique : proposer aux personnes valides - décideurs
politiques comme gens de la rue - d'effectuer un petit parcours en voiturette
pour s'apercevoir, par l'expérience, des embûches, évidentes
ou sournoises, parsemant le chemin des personnes à mobilité
réduite.
Nous avons effectué
le test, hier après-midi, place de la Monnaie. Éloquent :
une demi-heure pour un tour de la place et des environs, des bordures et
rampes pratiquement insurmontables, des commerces ou plus grave les lieus
publics inaccessibles.
Sensibiliser public
et les autorités à ce qui reste à faire, c'était
bien le but. « Trop de gens, y compris dans les concepteurs de l'espace
public, n'ont pas encore conscience des besoins, parfois vite rencontrés,
des moins valides, dit Bruno De Lille, échevin de l'égalité
des chances. D'où ce test. » Qui pour l'occasion avait lieu
sur la place, en compagnie de membres de l'ANLH, valides ou non.
Le moins qu'on puisse
dire, c'est que dans un endroit « qui n'est pas le pire, selon Frieda
Baudouin, handicapée elle-même, ce parcours était celui
du combattant. Déjà, se lancer sur des pavés inégaux
et humides ; ensuit tenir la direction en dévers, accentuant la poussée
d'un bras
Mais premier couac à la traversée de la rue
de l'Évêque, avec ces satanées bordures, mêmes
rabaissées : « Deux centimètres de rebord, et c'est
la cata ! » Sans parler de la remontée, qui manque de vous
basculer en arrière
Les rampes elles-mêmes
sont problématiques : impossible de gravir celle du centre Monnaie
: celle du théâtre royal passe à peine mieux ! «
En principe, la réglementation impose du 12% sur un demi-mètre,
beaucoup trop ! » Quant à l'accès aux commerces et lieux
publics, il est tout aussi difficile, même de plein pied (ce qui est
rare !), à cause de portes inadaptées.
Bref, au bout d'un
périple dont vos bras et épaules se souviendront vite, un
constat : beaucoup reste à faire. Certes existe depuis '99 un règlement
régional, imposant notamment aux architectes de prendre en compte,
dès les plans, les nécessités d'accès au moins
valides. « Le problème, c'est qu'il n'est pas respecté,
avec 2 contrôleurs pour la Région. Pour notre part, nous vérifions
50 permis d'urbanisme par an dans les communes, une goutte d'eau »,
dit-on à l'association. Beaucoup reste donc à faire, à
commencer par sensibiliser les «décideurs » à
la Ville, on envisage de répéter ce petit test, en y invitant
les fonctionnaires communaux
»
02-10-2003
Bron : La Capitale
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